Fleurissement Des rencontres placées sous le signe du tourisme

Les Assises nationale du CNVVF ont eu lieu les 4 et 5 décembre à Menton (06). L'occasion, pour les participants, de découvrir une ville au fleurissement reconnu, grâce, entre autres, à une palette végétale unique en France...

A Menton, le tourisme a débuté à la fin du XIXe siècle avec l'arrivée du chemin de fer reliant Nice à Vintimille. Cela a donné un nouvel élan à la ville, qui était jusque-là une terre agricole, tournée en particulier vers les agrumes. Et une forte légitimité à accueillir les Assises nationales du Conseil national des villes et villages fleuris, dont le thème pour cette année portait justement sur le label du CNVVF « une opportunité pour valoriser les destinations touristiques ». Si le cadre de Menton est idyllique pour parler tourisme et fleurissement, les Assises 2014 n'ont pas attiré les foules : à peine 200 personnes ont assisté à l'ensemble des deux jours de débats proposés par le CNVVF. La faute, semble-t-il, au fait que la ville soit très excentrée, mais peut-être aussi aux inondations qui ont récemment touché l'ensemble du littoral méditerranéen et qui ont limité la disponibilité des gestionnaires d'espaces verts. Mais la faute surtout, si l'on en croit les conversations qui ont émaillé les rencontres, aux contractions budgétaires qui imposent à ces mêmes responsables de services espaces verts de collectivités de réduire leurs déplacements... Les personnes présentes ont pu découvrir ou redécouvrir une ville où la douceur (il ne gèle quasiment jamais en bord de mer) autorise la culture en pleine terre de plantes qui sont partout ailleurs en France, ou presque, des plantes d'appartement. Où l'oranger fait office d'arbre d'alignement et les agrumes sont collectionnés à l'envi, avec une gamme de près de 140 taxons. Le tout grâce à la proximité de la mer qui assure une hygrométrie permanente comprise entre 65 et 95 % et des montagnes qui protègent la ville des vents froids, comme l'a rappelé Franck Roturier, directeur du service des espaces verts de la ville...

La nature fait partie de l'attractivité de la villeL'objectif des débats était d'analyser pourquoi la France, première destination touristique en nombre de visiteurs, n'est classée que 3e pour le chiffre d'affaires réalisé avec ces visiteurs. Tout en gardant à l'esprit que « le fleurissement doit être un signe visible de la qualité de l'accueil dans notre pays », a expliqué Paul Roncière, président du CNVVF en introduction. Et en attendant de réfléchir à la manière dont le label se portera avec la carte administrative à venir, une étude d'Atout France, agence pour le développement touristique en France, a présenté les résultats de sa dernière enquête sur la valorisation de la nature en ville. Une étude qui montre que les Français n'imaginent pas visiter une ville entièrement minérale ; au contraire, ils perçoivent que le végétal peut désormais être présent partout, même sur les façades et les toits des immeubles. Pour eux, la nature est synonyme de bienfaits...Pour autant, les expériences de pratiques liées à la nature restent rares en ville. Encore que les gens courent dans les parcs, s'y ressourcent, s'y extirpent du cadre urbain. Reste qu'ils sont demandeurs d'activités culturelles, des concerts, par exemple, pour se rendre plus volontiers dans les jardins. La famille est la principale cible qui exprime des besoins de nature en ville. Et il se trouve toujours, dans les 10 principales attractions des plus grandes villes du monde recensées par le site internet Trip Advisor, au moins un point d'attractivité portant essentiellement sur la nature. En résumé, on ne va pas en ville pour aller dans la nature, mais elle fait partie de l'attractivité de la cité et impacte sur la qualité du séjour.

Promenades et cheminements verts sollicités par 68 % des Français Et Marie-Laure Desmet, de la direction ingénierie et développement d'Atout France, qui a présenté cette enquête, de recommander aux villes de bien marier nature et tourisme et de se doter d'indicateurs pour observer la fréquentation des espaces nature en ville. Un récent sondage Ipsos a montré que les promenades et cheminements verts étaient sollicités par 68 % des Français, les points de vue sur le paysage par 50 %, les espaces nature 46 %, les parcs et jardins 45 %, les réalisations florales 11 %. Les débats se sont poursuivis avec des exemples de collectivités, municipalités, départements ou intercommunalité, ayant mis en valeur leurs sites de nature les plus intéressants. Un secteur en développement, ce qui est logique au vu de la demande sociale qui sous-tend cette activité. Avant de s'interroger sur l'avenir : comment valoriser le label villes et villages fleuris à l'avenir ? De quoi rassurer les nombreux participants inquiets de voir les restrictions budgétaires rogner les initiatives des gestionnaires ? Ce n'est pas certain. Mais rester les bras ballants serait de toute façon pire que tout...

P.F.